Une première expérience dans trois pays de l’Afrique de l’Ouest a montré que les tiges du cotonnier peuvent être utilisé pour fabriquer des meubles, des chaises, des portes, etc. Cette innovation est rendue possible grâce au Programme de recherche sur les secteurs agricoles prioritaires. Mis en œuvre entre 2014 et 2019, ce programme a permis de toucher plus de 8500 ménages à travers les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Malgré un secteur agricole qui emploie près de 60 à 80% de la population active selon les Etats, les voyants sont loin d’être au vert en matière de sécurité alimentaire dans l’espace UEMOA. La production agricole est encore maigre et son accroissement est devenu un axe majeur pour l’atteinte de la sécurité alimentaire.
Afin de remonter la pente, la Commission de l’UEMOA a mis la main à la pâte en finançant, depuis 2014, le Programme de recherche sur les secteurs agricoles prioritaires. D’une durée de cinq ans, son objectif est de contribuer à la modernisation de l’agriculture, améliorer la productivité et de la compétitivité de cinq (05) filières agricoles : maïs, coton, bétail-viande, aviculture et aquaculture.
Doté d’une enveloppe de 1,5 milliards de FCFA, ce programme exécuté par le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) a pris fin en décembre 2019. L’heure est au bilan. Et selon le nouveau rapport, rendu public à l’occasion d’une conférence de presse virtuelle le mercredi 22 juillet 2020, la moisson est bonne.
D’abord, les données officielles parlent de 8 546 ménages bénéficiaires directes dont 23% sont des femmes. « Les secteurs du coton, du maïs, de l’élevage, de l’aquaculture et de la volaille en Afrique de l’Ouest sont plus compétitifs et offrent aux petits exploitants agricoles des revenus plus élevés aujourd’hui qu’il y a quelques années », détaille le rapport.
La particularité du programme est que l’accent est mis sur la recherche agricole. De l’avis du directeur exécutif du CORAF, le Dr Abdou TENKOUANO, l’Afrique et particulièrement notre région regorge d’un énorme potentiel pour nourrir la population et éradiquer la faim et l’insécurité alimentaire. « Les potentialités résident dans ses ressources humaines, ses terres, ses eaux, ses connaissances. La recherche agronomique est un élément important de pour atteindre les objectifs », précise -t-il.
Le partenaire financier est séduit par les résultats atteints. « La contribution financière de la commission de l’UEMOA a permis, entre autres, de générer des technologies au profit des utilisateurs, renforcer les capacités des institutions de recherche agricoles de la sous-région en les dotant de laboratoires et de consommables. », explique Jonas GBIAN, Commissaire de l’UEMOA, Département de l’agriculture, des ressources en eau et de l’environnement. « Il y a aussi le renforcement du capital humain à travers l’initiation à la recherche de jeunes chercheurs, les formations diplômantes à l’endroit d’ingénieurs, de titulaires de master etc. L’avenir de notre agriculture passe par la modernisation, par l’apport de nouvelles technologies, de l’innovations », ajoute-t-il. Sur la base des résultats de l’évaluation, précise-t-il, le programme est susceptible d’être reconduit.
Les tiges du cotonnier transformés en revenu
Les tiges du cotonnier, considérées comme des résidus bons à rien dans beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest, sont désormais utilisés dans la manufacture pour fabriquer des objets utilitaires du quotidien. Au Bénin, au Mali et au Togo, ils ont servi dans la fabrication d’articles de meubles, de panneaux muraux, de portes, de chaises etc.
Ce pas de géant dans la chaîne de transformation est rendu possible grâce au projet de Valorisation des tiges de cotonnier pour la fabrication des panneaux à particules (VATICOPP). Ce projet qui intervient dans les trois pays cités plus haut, est l’un des trois projets exécutés dans le cadre du Programme de recherche sur les secteurs agricoles prioritaires.
Selon les experts, grâce à cette innovation, les producteurs de coton pourront vendre, en plus de leur coton graine, les tiges de cotonnier et avoir des revenus additionnels pouvant les aider à sortir de la pauvreté.
Toujours selon les spécialistes, cette technologie a surtout le mérite de permettre de lutter efficacement contre la déforestation avec l’utilisation d’une biomasse pour fabriquer des meubles et autres objets domestiques.
« Nous avons montré qu’on pouvait transformer les résidus en revenus. Les qui étaient brulés pour la plupart du temps, aujourd’hui permettent de lancer toute une industrie de transformation de ces tiges pour faire du matériau pour la menuiserie. Ce n’est pas tous les jours que nous avons cette liaison entre l’agriculture et le secteur de la manufacture », s’exclame le directeur exécutif du CORAF, le Dr Abdou TENKOUANO.
« 2% de la fibre de coton transformés dans l’espace UEMOA »
La transformation des produits locaux était au menu de la conférence en ligne à laquelle ont participé des journalistes des huit pays membres de l’Union. Ce maillon de la chaîne est encore peu développé.
Au niveau de l’or blanc (coton) par exemple, le niveau de transformation de la fibre est faible. « Le véritable problème du coton réside au niveau de la transformation de la fibre. Nous transformons à peine 2% de notre production de fibre », a déploré Jonas GBIAN, Commissaire de l’UEMOA en charge de l’agriculture.
Toutefois, il croit fermement en un lendemain meilleur car « nous sommes en train de mener une politique assez originelle qui permettrait de transformer le coton au niveau de l’UEMOA ».
Il invite les Etats membres à ficeler de vrais politiques afin de transformer le coton. Jonas GBIAN a surtout déploré la propension des populations à se tourner vers la consommation des produits importés au détriment de ceux locaux. « Le fond du problème ce n’est pas seulement la transformation. C’est d’abord l’acceptation des produits transformés. Une bonne partie de nos frères et sœurs préfèrent utiliser des produits importés plutôt que d’acheter des produits locaux qui ont été fabriqués par nos artisans. C’est un problème de comportement que nous devons régler », regrette-t-il, sur fond d’invite à consommer local afin de créer de la plus-value.
Soulignons que le Burkina Faso, dans le cadre du programme, est logé dans le projet d’Amélioration de l’Accès au Financement pour les Acteurs du Maillon Commercialisation de la Filière Mais, en abrégé AMAFINE.
Hadepté DA
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