La saison hivernale est celle d’une véritable “course à la tomate fraiche” dans les marchés de Ouagadougou alors que d’énormes quantités sont perdues pendant la période dite de disponibilité.
Marché de Dassasgho, Ouagadougou. Nous sommes au couloir réservé aux vendeuses de légumes et de condiments. Sur les étalages, seulement quelques tas de tomates se noient parmi les sacs d’oignons et de condiments. Maïmouna, une restauratrice venue faire le marché, est en pleine négociation avec une vendeuse de légumes pour une remise sur la tomate, mais c’est peine perdue. Sur le marché, « le tas de dix tomates coûte actuellement 500 FCFA alors qu’en période de tomates, ce même tas coûte 100 FCFA » confie Christine la vendeuse de légumes. « Nous prenons la caisse à 35 000 FCFA parfois même 40 000 FCFA. Il faut revendre pour ne pas perdre. C’est comme ça parce que nous ne sommes pas à la période de tomates » ajoute-elle. Aux marchés de Zogona et de Nabi Yaar, c’est le même constat. Il n’y a quasiment plus de tomate sur les étalages et les prix ont flambé. Pourtant, entre décembre et avril, ces mêmes étalages étaient inondés de tomates.
De la production et de l’exportation
La production de la tomate au Burkina Faso est saisonnière. Elle se fait principalement en saison sèche. « Seuls quelques petits producteurs autour des zones péri-urbaines de Ouagadougou et de Bobo produisent en saison pluvieuse » précise Toussaint Sampo, agent à la Direction générale de la production végétale (DGPV). La production hivernale est faible parce que « […] premièrement, la grande partie des producteurs cherchent en saison hivernale à assurer la production vivrière pour l’alimentation de leur famille. […] Deuxièmement, les sites de productions maraichères sont inondés en saison hivernale. Il faut donc attendre le retrait des eaux à la fin de la saison pour que les producteurs puissent s’y installer. Troisièmement, La gestion des productions en saison pluvieuse est différente à cause des intempéries et de la recrudescence des ravageurs » explique Prosper Zimba de la DGPV.
Toutefois, selon la DGPV, le Burkina Faso produit environ 300 000 tonnes de tomates par an dont 50% sont exportées vers le Ghana majoritairement, le Niger, le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire. Les exportations de la tomate se font sous sa forme fraiche et très rarement sous la forme séchée. Dû à la faible organisation des producteurs, de la saisonnalité de la production, mais aussi au manque d’infrastructures de conservation, les prix varient considérablement. Les producteurs, dont la plupart vendent bord champ, sont obligés d’accepter les prix qui leurs sont imposés par les grossistes.
Les 50% restantes sont commercialisées frais sur le marché local entre décembre et avril ; période pendant laquelle producteurs et vendeuses jettent d’énormes quantités de tomates qui pourrissent. Cela s’explique par le fait que le secteur souffre d’un manque d’infrastructure de conservation et de transformation.
Transformer pour assurer la disponibilité
Les pertes en période de disponibilité étant énormes, le prix de la tomate va crescendo entre mai et décembre. Cette flambée des prix n’est pas sans conséquence. « Les clientes se plaignent. Avec 1000 FCFA, elles arrivaient à faire le marché, maintenant ça ne suffit plus » à en croire Christine. Et à Maïmouma d’ajouter « Souvent nous vendons le repas à perte. Si tu dois mettre 5 000 FCFA rien que dans la tomate, c’est compliqué ».
Face à cette situation, des mesures pour pérenniser la tomate sur le marché local sont à prendre. Pour Maïmouna, il faut commencer par structurer la production : « Les producteurs envahissent le marché à la même période au lieu de se séparer et produire étape par étape en différentes périodes ».
Il y a également beaucoup de potentialités de développement à travers l’amélioration des techniques et des moyens de transformation. Des unités de transformation existent déjà à Donsin et à Boussouma, et l’Etat œuvre à la mise en place d’autres unités : « actuellement une unité est en construction à Dî […] et des femmes réunies en de petits groupements sont également formées au technique de transformation de la tomate en purée » selon les propos de Sylvie Yaméogo de la Direction générale de la promotion de l’économie rurale (DGPER).
Ces femmes, qui se tournent vers la transformation de la tomate, utilisent des moyens rudimentaires et font face à une frilosité du marché. « En 2017, nous avons produit plus de 16 tonnes de purée de tomates. C’est parce qu’il n’y a pas le marché. Sinon par jour, on peut produire jusqu’à 1000 bouteilles. Mais comme ça ne s’achète pas, on s’est limitée à 600 ou 700 bouteilles par jour » confie Mme Ouédraogo Aminata, membre du groupement féminin « Neerwaya » de Donsin.
De toute évidence, le secteur de la transformation devrait continuer à s’organiser et à bénéficier d’un appui continu pour se moderniser afin de conquérir progressivement le marché national et pourquoi pas sous-régional.
Dieudonné Edouard SANGO
Journaliste Reporter / Agribusiness TV
Organic Liquid Fertilizer like Fish Amino will increase the yield of Tomato Farms
Très bon travail agribusiness