C’est une importante décision que le gouvernement burkinabè a prise dans le cadre de l’Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025. Il s’agit de la promotion de la production piscicole pour répondre à la demande croissante en poisson. Des actions ont déjà été mises en œuvre et les résultats commencent à être visibles.
À Samandeni par exemple, le troisième plus grand barrage du pays, des particuliers, avec l’appui du gouvernement, ont installé des cages flottantes pour la production intensive de tilapia. Sur ce barrage, 15 tonnes de poissons ont été pêchées en ce mois d’août 2024. Il s’agit du premier cycle de tilapia produit sur les 180 cages flottantes déjà installées au niveau de cette infrastructure hydraulique dont la capacité est de 1 milliard 50 millions de mètres cube.
84% de la demande est couverte par des importations
L’initiative est la bienvenue, car la demande nationale en poisson est en deçà de la production. Le pays importe beaucoup de poissons pour satisfaire la demande. En 2021, la demande nationale en poisson était évaluée à 193 160 tonnes. Alors que, la production nationale ne s’élevait qu’à 30 555 tonnes. Il a donc fallu importer 162 605 tonnes pour combler le gap. Au regard de ces statistiques, seulement 16 % du besoin du pays est produit au niveau national. Le reste a été couvert par les importations.
L’aliment, un défi majeur
En encourageant la production de poisson dans le cadre de l’Offensive, cela va permettre de couvrir la moitié des besoins en consommation nationale, selon le ministère en charge des ressources halieutiques à l’horizon 2025. Cependant, le nerf de la guerre en pisciculture demeure l’aliment des poissons. C’est coûteux et de surcroît l’aliment se fait souvent rare. C’est l’un des préalables qu’il ne faut pas tarder à régler pour que ce rêve de produire 100 000 tonnes de poisson par an à l’horizon 2025 devienne une réalité.
L’unité étatique de fabrication d’aliment pour poisson, l’usine de Bagrépôle, produit un aliment qui ne convient pas totalement aux pisciculteurs. Certains pisciculteurs préfèrent importer l’aliment fabriqué au Ghana, au Maroc etc., car ils estiment que l’aliment produit ne répond pas toujours aux normes de qualité qu’ils recherchent.
Des particuliers se sont également lancés dans la fabrication de cet aliment. Mais, ils peinent à offrir un aliment adapté et qui répond aux attentes des pisciculteurs. Il faut savoir que l’aliment du poisson doit flotter et avoir des taux de protéines assez importants, pour assurer une croissance rapide du poisson dans un cycle court.
Au niveau de l’usine de production d’aliments de Bagrépôle, plusieurs pistes sont en train d’être explorées pour résoudre ce problème d’aliment. Il faut faire vite pour disponibiliser de l’aliment local de qualité et à un prix abordable pour que les pisciculteurs puissent atteindre de bons résultats. Sinon, l’objectif de produire 100 000 tonnes de poisson par an à l’horizon 2025 risque d’être un simple slogan.
Yenntéma Priscille OUOBA