Les souvenirs culinaires de mon enfance

AgribusinessTV 18 septembre 2024 281 Aucun commentaire

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Quand la saison des pluies arrive, le senna tora (appelé katre nanguri en mooré et krikri en dioula) pousse en abondance. Il est l’ingrédient principal pour cuisiner le célèbre « kalambayari », un savoureux plat traditionnel des Gourmantché. Vous avez certainement deviné juste, je viens de la région de l’Est du Burkina Faso.  


Le « kalambayari » est en effet un mélange de couscous de petit mil et de feuilles de senna tora, une plante que vous connaissez certainement sans peut-être savoir que tel est son nom en français. Quand j’étais enfant, j’aimais la saison des pluies car c’est la période à laquelle cette plante sauvage pousse en abondance. Nous allions la cueillir dans les champs, autour des concessions ou aux abords des bas-fonds. Aujourd’hui, le « kalambayari » se prépare aussi avec d’autres types de feuilles, comme du niébé, et des céréales comme le maïs ou le riz.

Les providences de la saison des pluies

J’ai passé mon enfance à cheval entre le village et la ville. J’aimais particulièrement la saison des pluies, car c’est durant cette période de l’année que les menus changent le plus au village. Les sauces de baobab sec, de gombo sec, de corète sèche, communément appelée « boulvanka » en mooré laissent place à des sauces préparées à base de feuilles fraîches. On retrouve alors des sauces à base d’oseille, d’amarante, de gombo frais, de corète fraîche, de baobab frais, de feuilles de niébé, de feuilles d’aubergine sauvage. 

Cette période de l’année est une fête pour les papilles. Et, j’en profitais pleinement en tant que grande amoureuse des sauces faites à base de feuilles fraîches. Surtout la sauce d’oseille et de corète fraîche. C’est sans oublier le « babenda », une parfaite mixture de feuilles avec juste un peu de céréales. 

Aujourd’hui, grâce aux aménagements hydrauliques, il existe de nombreux jardins dans les villages. Cela favorise la production maraîchère en saison sèche, rendant ainsi disponible les feuilles fraîches à tout moment.

La vie au village est encore plus belle pendant les récoltes

La vie au village devient encore plus festive vers la fin des pluies, car c’est généralement le début des récoltes de maïs.  Le soir, après les travaux champêtres et ménagères, place à ce que nous appelons « l’instant maïs grillé ». Ce moment se déroulait après le dîner.  Je dirai même que c’était souvent notre désert à nous ! Si par coup de chance il en reste quelques épis de maïs, nous déjeunions avec du « maïs bouilli » le lendemain. Quand j’y pense, je me dis que si voyager dans le passé était possible, je n’aurais pas hésité à le faire !

Yenntéma Priscille OUOBA

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