Nous avons, presque tous, déjà goûté au moins une fois le « choukouya » de mouton. Cette viande marinée et cuite à l’étouffée, en papillote ou braisée et très souvent accompagnée d’un savoureux piment. Cependant, une question m’interpelle depuis longtemps : pourquoi le choukouya est parfois servi ou mijoté dans des emballages de ciment ?
Un vendredi soir, après une semaine de travail bien remplie, j’ai voulu me faire plaisir avec un bon morceau de choukouya, le dessert sahélien. Quoi de plus normal pour le grand amateur de viande que je suis. L’occasion était belle, le chemin que j’empruntais passait par un lieu de vente que je n’avais pas encore eu l’occasion de visiter.
Une découverte inattendue
Arrivé sur place, l’odeur de la viande chatouillait déjà mes narines. Je commençais à imaginer mon régal du soir. « Bonsoir chef, s’il te plaît, sers-moi pour 3 000 F CFA. N’oublie pas mon goûter-voir. » Le vendeur s’empressa alors de choisir un bon morceau. Avant de le découper, il m’a offert un échantillon pour goûter, comme il en est de coutume dans ces lieux.
Alors que je savourais ces premiers morceaux, j’ai remarqué que le vendeur sortait un emballage de ciment de sous sa table. Il l’a tapoté pour en évacuer les résidus avant de préparer ma commande. Immédiatement, j’ai interrompu ce moment de plaisir gustatif. « Chef s’il te plaît, mets ça dans du papier alu », lui ai-je dis en lui tendant un paquet de papier aluminium qui était posé sur sa table.
Une viande assaisonnée à la poussière de ciment
Bien que le vendeur ait accepté ma demande sans hésiter, ma curiosité était piquée. « Chef, pourquoi servir ta viande dans des emballages de ciment ? » Sa réponse fut simple : « Parce que ça conserve mieux et c’est plus résistant. » « Les clients ne se plaignent-ils pas ? » « Certains préfèrent le papier alu, mais d’autres ne sont pas dérangés. »
Je l’ai remercié et j’ai pris congé de lui. Sur le chemin de la maison, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander pourquoi je n’avais jamais réfléchi à cela auparavant. Du choukouya de mouton servi dans du papier à ciment, j’en ai déjà acheté et mangé sans m’en soucier. Puis, la petite voix dans ma tête se fit entendre : « Continue, ce n’est pas ta première fois. » Je l’avoue, je n’en suis pas si fière.
Vers une meilleure hygiène alimentaire
Heureusement, il existe des grilladins qui font de l’hygiène leur compagnon. En plus de servir une viande succulente, ils accordent une grande importance à l’hygiène. Une prise de conscience collective naît donc autant chez les grilladins que chez les consommateurs. Encourageant ainsi de nombreux grilladins à abandonner les emballages de ciment au profit des emballages plus adaptés et plus hygiéniques.
Yann Désiré OUÉDRAOGO