À qui profite la mécanisation agricole ?

AgribusinessTV 19 juin 2024 744 Aucun commentaire

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Longtemps, les jeunes ont eu une perception négative de l’agriculture. Nombreux sont ceux qui ont vu leurs parents s’acharner sur la terre avec des outils rudimentaires sans gain de cause à la moisson. Cette réalité a découragé beaucoup de jeunes à embrasser la terre nourricière. Malgré cela, il y a encore des jeunes qui font de la terre leur gagne-pain. 

Lors de mes reportages, j’aime particulièrement échanger avec les jeunes agriculteurs. Ils ont des histoires fascinantes à partager et une détermination dans leurs métiers. Ils aspirent à booster l’agriculture burkinabè. Mais, souvent, quand j’écoute certains et je regarde les moyens de production qu’ils utilisent, je me demande comment ils vont y arriver ?

Obstacles financiers

Beaucoup d’entre eux sont contraints d’utiliser des outils agricoles rudimentaires comme la daba, la houe. Ils passent des journées entières courbés sous un soleil de plomb pour exploiter un petit périmètre. Malgré la bonne volonté, la pénibilité du travail et les maigres récoltes en fin de campagne, finissent par les dissuader. Surtout quand on connait l’aridité de nos sols. 

Il est primordial de faire rêver les jeunes en rendant l’agriculture glamour, plus attrayante. Cela passe par la promotion des modèles de réussite, mais aussi par la mécanisation agricole et toutes les autres technologies qui permettent de nos jours d’alléger la charge physique du travail.

Parlant de mécanisation, le plus souvent, les tracteurs et autres machines qui sont en vente ou en location sont trop coûteux si bien que le jeune paysan de Kiembara ne peut se permettre le luxe d’en acquérir. On a même l’impression que les politiques actuelles de mécanisation sont destinées aux agrobusiness-men ou à ceux qui ont déjà des comptes en banque bien bourrés. La liste des débiteurs de la Société Nationale de l’Aménagement des Terres et de l’Équipement Rural, publiés il y a quelques mois de cela en dit long. Si ces catégories de personnes parmi lesquelles des anciens ministres et autres hauts cadres de l’administration publique, ont des difficultés pour payer, alors que dire des jeunes, qui, pour la plupart ont du mal à avoir un crédit bancaire à cause des exigences et démarches complexes ?

Investir dans la jeunesse

Il faut mettre en place des programmes de crédits agricoles pour les jeunes avec des conditions de remboursement flexible, fournir des subventions ou des aides financières aux jeunes pour les aider à acheter ou à louer des tracteurs à des prix abordables.

Ma conviction est que la mécanisation est la clé pour passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture autosuffisante et axée sur le marché. Investir dans la jeunesse d’aujourd’hui, c’est investir dans l’avenir de l’agriculture.

Clarisse K. TIEMTORÉ

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